ouest FRANCE Didier GUIDE et sa BAIE

Publié par didier.lavadoux@wanadoo.fr le

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Magazine ouest FRANCE 

Paru dans l’ édition du jeudi 16 août 2007 

Bouche bée derrière le capitaine de la baie


La vase ou les sables mouvants ne sont pas une légende. Didier en fait ici la preuve. 

Didier Lavadoux connaît « sa » baie du Mont Saint-Michel, depuis qu’il a six ans. Aujourd’hui, il la raconte, l’enseigne même. Et fait défiler des groupes pour cinq heures de marche en pleine nature, dans la vase et sous le ciel changeant.« Allez, venez ! »

« Le Mont est une merveille, mais tout bijou n’est rien sans son écrin ». Didier Lavadoux fait partie des guides indépendants de la baie du Mont Saint-Michel. En cinq heures et demie de traversée, aller et retour, il démontre que la baie vaut autant le détour que le Mont qui y trône. D’ailleurs, il ne s’attarde pas sous l’archange, juste une petite pause pour le pique-nique : « moi j’évite la foule ».

Didier Lavadoux annonce : la baie du Mont Saint-Michel, c’est SA baie, « je la prête de temps en temps » sourit-il. Il commence à la connaître, même si le spectacle change chaque jour. Elle renferme des richesses naturelles incroyables, qu’il a découvertes avec des yeux de petit garçon, à six ans, lorsqu’il y passait ses vacances loin de sa région parisienne. Puis, il s’est passionné pour les nombreuses espèces d’oiseaux qui nichent à Tombelaine, l’autre rocher que l’on rencontre sur le chemin. La chasse, une de ses passions, a aussi joué un grand rôle dans sa connaissance du territoire. Maintenant, il vit à Genêts, (en Manche, l’un des points de départ de la traversée), avec sa femme, une native de la commune.

Environ cinquante personnes suivent ce guide quotidiennement, un peu moins si la météo se montre capricieuse. En short et les pieds nus, pour se coller les orteils dans la tangue (le sable vaseux), se tremper en traversant la Sée et la Sélune, mini-fleuves et obstacles sur le parcours, risquer de prendre la pluie, et l’écouter la raconter, sa baie entre blagues et anecdotes. « Et n’oubliez pas d’admirer le ciel, insiste-t-il, ici, ça change tous les quarts d’heure. »

La peau tannée par le grand air, Didier Lavadoux est un cinquantenaire d’allure sportive, avec des cheveux grisonnants coiffés en brosse. À côté de lui, sa chienne, Raffia, obéit au doigt et à l’oeil. « Je vous demanderai de ne pas caresser le chien », décrète-t-il. Le maître, c’est lui. Un peu « pisse froid au premier abord » comme dit sa femme Jocelyne, mais « c’est un passionné ». Il entretient de bonnes relations avec ses confrères. Respect mutuel, même si « Didier peut partir au quart de tour, si on le chatouille », s’amuse Olivier Ribeyrolles, autre guide indépendant de la baie. Il parle vite, et force la voix, ses veines ressortent souvent dans son cou. Il faut que son propos porte. Didier Lavadoux reste toujours concentré parce que « la baie est belle mais dangereuse… »

Histoire, religion, science, folklore, il commente tout, même le projet destiné à rendre son caractère maritime au Mont Saint-Michel. « Moi je ne suis pas contre, mais je dis qu’il faut faire attention à l’harmonie de la zone. On ne peut pas penser qu’au Mont et oublier les traversées. » Flore et faune, tout l’intéresse. Entre chaque commentaire, il repart à la hâte, sans craindre l’essoufflement, habitué aux 15 km de marche par jour. Et surtout, « on est chronométrés. La vitesse d’un cheval au galop, pour la marée, c’est une légende : la mer monte à environ 3,75 km/h. Mais c’est bien de garder en tête cette idée de vitesse, trop de gens prennent des risques inconsidérés ».

Autre danger, les lises ou « sables mouvants ». Et Didier Lavadoux s’offre le malin plaisir d’une démonstration. Sous les yeux ébahis de son public, il piétine le sol pour détecter les endroits critiques, puis ordonne à trois des membres du groupe de se laisser enfoncer… « Vous voyez ce que ça fait · » s’amuse-t-il de ses cobayes. Et se retournant vers le groupe : « Bon, c’est pas tout ça, mais, nous, il faut qu’on y aille ! »

À la fin de la traversée, les sourires rayonnent, dont le sien : « Quand on dit que c’est somptueux, on ne ment pas. » Demain, il y retourne. « La baie m’envoûte toujours. Je n’y vais jamais à reculons. »

Camille CHOTEAU.

Photos : Jérémie About.

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